mercredi 6 mai 2015

Une assemblée générale extraordinaire sera organisée dans les trois mois afin de décider

Nike TN Une assemblée générale extraordinaire sera organisée dans les trois mois afin de décider de la suppression de son statut de président d'honneur.
Quarante-trois ans après avoir cofondé le Front national, Jean-Marie Le Pen a été mis sur la voie de l'exclusion. Réuni lundi après-midi à Nanterre (Hauts-de-Seine), le bureau exécutif du parti a décidé de supprimer le titre de président d'honneur, créé en 2011 pour le vieux tribun. Comme le prévoient les statuts du FN, cette mesure sera soumise à une assemblée générale extraordinaire des adhérents frontistes. Selon un communiqué publié dans la soirée par le mouvement, celle-ci «sera organisée dans un délai de trois mois» et se fera «par correspondance».

Avis de gros temps au Front national Par Dominique Albertini
Dans l'intervalle, Jean-Marie Le Pen s'est vu suspendu de sa qualité d'adhérent –  charge au bureau exécutif de décider dans l'avenir de sa réintégration ou, au contraire, d'une radiation définitive. Cette décision spectaculaire devrait entraîner d'autres conséquences pour le FN  : le congrès sera l'occasion de «proposer aux adhérents une rénovation plus complète des statuts du Front national», afin d'en faire «un mouvement modernisé dans son fonctionnement» et «perfectionné dans son organisation». Censé comparaître devant le bureau exécutif, dont il est d'habitude membre de droit, Jean-Marie Le Pen a séché la séance, la jugeant «contraire à [sa] dignité».

«JE VEUX QUE MARINE LE PEN ME RENDE MON NOM»
«C'est une félonie. J'ai exprimé le souhait que Marine Le Pen me rende mon nom, a réagi Jean-Marie Le Pen, interrogé par l'AFP. Elle a la possibilité de le faire en se mariant soit avec son concubin, soit avec quelqu'un d'autre, après tout, pourquoi pas M. Philippot». Une attaque en règle contre le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, qu'il n'apprécie peu, et le numéro deux du FN Florian Philippot, qui a été le plus virulent à son égard dans la crise interne. «C'est déshonorant d'avoir le même nom que la présidente du FN», a encore lancé le patriarche, qui a assuré qu'il allait demander à l'administration du parti de lui «renvoyer une partie de [ses] cotisations. Comme j'ai adhéré à 1 000 euros, je trouve que c'est beaucoup».

TN Pas Cher Va-t-il entamer des recours juridiques contre les décisions prises par le bureau exécutif ? «Ils doivent s'attendre à tous les moyens, a-t-il poursuivi. Ce n'est pas impunément qu'on m'attaque, même dans le dos. Les adhérents vont être indignés par la félonie, en tout cas ceux qui ont le sens de l'honneur». A-t-il le soutien de la base ? «Ça a été vu l'autre jour lorsque je me suis présenté sur la tribune place de l'Opéra, j'ai rassemblé un accueil sans équivoque», a assuré Jean-Marie Le Pen. Il s'était invité sur la tribune juste avant que sa fille ne s'exprime lors du traditionnel défilé frontiste du 1er mai en l'honneur de Jeanne d'Arc, et avait été applaudi. «Je n'ai pas volé ce soutien, je ne l'ai pas reçu en héritage non plus», a-t-il taclé, dans une critique à peine voilée envers sa fille.

«UNE PAGE SE TOURNE»
Avant même que ces décisions ne soient connues, une autre instance avait entériné la marginalisation du «Vieux». A 15 heures était publiée une motion du bureau politique, sorte de parlement du parti s'étant réuni dans la matinée en présence de Jean-Marie Le Pen. Dans une motion votée à la quasi-unanimité, ses membres désapprouvaient «les propos tenus et réitérés par Jean-Marie Le Pen». La motion précisait enfin que «les commentaires ou prises de position du président d'honneur ne peuvent en aucun cas engager le Front national, sa présidente ou ses instances délibérantes».

Sac a main Le texte et les débats qui l'ont préparé mettent en évidence l'isolement du «Menhir» au sein de l'appareil du parti. Jean-Marie Le Pen n'a été soutenu que par une poignée des présents –  notamment les frontistes historiques Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu. «Une page se tourne, tout le monde avait conscience de vivre un moment particulier, témoigne un participant. Les débats ont été durs, parfois violents entre Marine Le Pen et son père. Elle l'accusait de trahir la ligne du FN, lui de trahir son histoire.» La présidente s'est notamment interrogée sur le moyen «d'être candidate à la présidentielle, tout en étant sous la menace des prises de parole» de son père. A la sortie du bureau, beaucoup de ses membres jugeaient tout de même urgent de stopper l'escalade verbale au sommet du parti. «Certains ont élevé la voix pour que tout ce cirque s'arrête, rapportait un membre du bureau. Une majorité implicite souhaite qu'il n'y ait pas de sanctions supplémentaires contre Jean-Marie Le Pen, qu'on ne tombe pas dans l'humiliation.» Des préoccupations sans doute partagées par beaucoup à la base du parti, mais qui n'ont pas entamé la détermination de Marine Le Pen à régler, de la manière la plus radicale, le problème paternel.


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