vendredi 5 juin 2015

dont trois de plein exercice - Arnaud Montebourg au Redressement productif

En choisissant d'installer aux c?tés du patron en titre, Pierre Moscovici, six?ministres, dont trois de plein exercice - Arnaud Montebourg au Redressement productif, Sylvia Pinel à l'Artisanat et Nicole Bricq au Commerce extérieur -, Fran?ois Hollande avait ménagé les différentes sensibilités de la majorité, mais pris le risque de la discorde. Laquelle n'a pas tardé à se concrétiser : le flamboyant ministre du Redressement productif n'a pas mis longtemps à contester bruyamment Nike TN la ligne sociale-libérale ?pragmatique? de Pierre Moscovici. Avec succès : au fil des mois, Arnaud Montebourg a engrangé en popularité ce que perdait (un peu) l'ancien directeur de campagne de Hollande, dans le sillage du Premier ministre et du chef de l'Etat, tombés au plus bas dans les sondages. De quoi fragiliser le discret locataire de Bercy, brouiller la ligne du gouvernement et semer une zizanie rare dans la maison. ?Confiance?. D'emblée, Moscovici avait tenté de déminer le terrain. En soignant la priorité : ses relations avec son ministre délégué au Budget, Jér?me Cahuzac, réputé pour son absence de souplesse, qui allait porter un projet de loi de finances à haut risque, marqué par des hausses massives d'imp?ts et des coupes claires dans les dépenses. ?On ne peut pas dire que nous étions amis, admet Moscovici. Mais nike tn geneve nous avons construit une relation de confiance. Entre nous, cela se passe très bien, et nos cabinets collaborent sans difficulté.? L'initiative en revient à Cahuzac qui, après quinze jours de guérilla larvée, a choisi de signer une paix des braves : ?Ils nous ont mis là toi et moi pour qu'on se tape sur la gueule, je te propose qu'on ne leur fasse pas ce plaisir.? Les deux ministres accordent leurs violons. A Moscovici les dossiers européens, les grands groupes (EADS, Dexia) ou les difficiles négociations avec l'Allemagne sur le sauvetage de la zone euro et la supervision bancaire. A Cahuzac, homme de fer et orateur hors pair, les remontrances aux ministres dépensiers, les effets de manche à l'Assemblée et les tractations avec les députés d'une commission des finances qu'il a longtemps présidée. Une tache dont il s'acquitte avec les honneurs. ?Il a réussi à faire adopter sans drame un budget particulièrement difficile. Il a fait un parcours sans faute?, estime un député. Avec quatre autres ministres, les relations se calent rapidement. Même Beno?t Hamon, ex-leader de l'aile gauche du PS et désormais ministre délégué à l'Economie solidaire, dit s'entendre ?à merveille? avec Cahuzac, qu'il croise de temps à autre à la salle de sports du ministère, et n'avoir ?strictement aucun problème? avec un Moscovici ?très disponible?. Comme lors du vote d'un amendement protégeant l'économie sociale et solidaire des effets négatifs du crédit d'imp?t compétitivité. A la clé, une énorme facture de 1,5?milliard d'euros. En dix minutes, Hamon et Moscovici règlent l'affaire, et sur leur lancée le sort des banques mutualistes avant le projet de loi de réforme Chaussure Nike Tn bancaire. ?Globalement ?a va, on travaille même bien avec un Beno?t Hamon qui n'est pas réputé partager forcément toutes les idées émises par le Trésor, confirme un haut fonctionnaire du Trésor. Le seul problème, c'est Montebourg. On travaille pour lui, et plut?t bien, mais son positionnement très idéologique, très public et très mis en scène complique les choses. Et ce n'est pas une question d'étiquette et d'idées politiques mais bien de style, de comportement et de personnalité.? Au point de faire l'unanimité des autres ministres de Bercy contre lui. De Nicole Bricq, qui lui reproche d'avoir sabordé sa visite au Maroc avec des déclarations à l'emporte-pièce sur les délocalisations, à, mezza voce, Fleur Pellerin. Qui préfère fréquenter le bureau de Moscovici, dont elle est proche, que celui de Montebourg, son ministre de tutelle. ?Couacs?. Reste le n?ud de l'affaire : les très mauvaises Nike Tn relations entre Montebourg et Moscovici. Tout est parti de la décision de diviser l'économie (hors finances) en deux, avec deux ministres de plein exercice. ?Cela déplace à Matignon les arbitrages qui se faisaient auparavant à Bercy. Quand ce n'est pas ma?trisé, ?a crée des couacs et des tensions?, analyse un conseiller. Au cabinet du modéré Moscovici, situé au 6e?étage, on raille le ?camarade Montebourg?. Au 3e?étage, celui du ministre du Redressement productif (MRP), on oppose le ?Bercy d'en haut? et le ?Bercy d'en bas?, celui où Montebourg se bat pour sauver les entreprises. Ambiance. On ne compte plus les bisbilles entre les deux ministres. Il y a eu le Scud de Montebourg sur les ?vieilles recettes éculées? de la direction du Trésor, aussit?t défendue par Moscovici. Après que le MRP a tapé sur la famille Peugeot, propriétaire de PSA, son collègue de l'Economie s'est affiché Nike Free Run à leurs c?tés dans leur bastion industriel de Sochaux, qui est aussi son fief politique. Mêmes différences sur leur conception de la Banque publique d'investissement (BPI) : Montebourg l'aurait voulue plus ambitieuse, mais a perdu face à Mosco. La lutte a également été apre sur le crédit d'imp?t pour la compétitivité et l'emploi (CICE). Montebourg a gagné sur le montant distribué aux entreprises (20?milliards), mais perdu sur les contreparties. Tandis que Matignon a donné raison aux deux ministres sur son utilisation (Montebourg voulait privilégier l'industrie, Moscovici les bas salaires). La personnalité opposée des deux hommes n'arrange rien. Le discret Moscovici, qui assume un style ?à l'ancienne, centré sur la culture du résultat?, ne supporte pas les tirades fa?on sniper de l'ex-avocat Montebourg, accusé de tirer la couverture médiatique à lui. En face, on soup?onne Moscovici de ne pas accepter l'autonomie du MRP. ?Il faut accepter que ce soit un ministère de plein exercice?, dit un proche de Montebourg. Chez Moscovici comme à Matignon, on go?te peu les coups de pression de Montebourg pour tenter de peser sur les arbitrages. Comme lorsqu'il a défendu jusqu'au bout la nationalisation de Florange. Ou encore dans cette interview à Libération, où il réclamait des contreparties à l'aide de l'Etat à la banque interne de PSA, accordée quelques heures avant que ne débute la négociation sur le sujet à Matignon. A la grande fureur de Ayrault. Lequel donnera, pourtant, raison à Montebourg sur le fond. Un conseiller relativise : ?Avoir deux ministres forts qui n'occupent pas le même espace politique peut être un vrai plus pour le gouvernement, comme avec Martine Aubry et DSK sous Jospin. Maintenant, il faut que chacun fasse des efforts pour que cette relation soit mieux gérée en 2013.? Corsée. Dans ce climat délétère, l'affaire du compte suisse du ministre délégué au Budget, Jér?me Cahuzac, a cristallisé les spéculations. En dépit des dénégations formelles de l'intéressé sur l'existence d'un tel compte, la chronique médiatique a crédibilisé l'idée d'un nécessaire remaniement. ?Plus les jours passent, plus il appara?t que sa position très exposée au gouvernement complique sa défense?, confie un conseiller ministériel, qui reconna?t pourtant à Cahuzac un ?parcours sans faute? au Budget. La situation du ministre s'est encore corsée depuis que l'auteur de l'enregistrement de la conversation attribuée à Cahuzac par Mediapart s'est fait conna?tre à l'Elysée pour attester de son authenticité. De quoi ébranler la ?confiance? que Hollande et Ayrault avaient renouvelée mi-décembre au ministre du Budget ? Le patron de Bercy, Pierre Moscovici, se refuse à le croire, qui se dit convaincu de la ?sincérité? de son ministre délégué et n'envisage en l'état pas son départ ?par principe?. Mais, au sein du gouvernement, d'autres sont moins catégoriques.?Il ne passera pas janvier?, parie un membre du gouvernement. Mais parce que personne à Bercy n'impute à Cahuzac de responsabilité dans les bisbilles au ministère, l'idée d'un jeu de chaises musicales plus vaste fait son chemin.


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